Jean1, 25 ans a bien voulu partager avec nous son expérience du harcèlement scolaire.
Jusqu'en CM2 Jean n'a pas rencontré de difficultés particulières : il avait de bonnes notes et sa scolarité se déroulait sans histoire. Cependant au moment du passage en 6ᵉ, il se retrouve dans un établissement dans lequel il ne connaît personne et il a du mal à se refaire des ami(e)s. Sa grande sensibilité le met en difficulté, il se retrouve seul et certains se moquent de lui : «J’étais sensible et je pleurais facilement et du coup les personnes en profitaient, malheureusement ».
Durant toutes ses années de collège et de lycée, de 2007 à 2012, il a été harcelé en permanence, victime de brimades, de moqueries et de gestes dégradants. Il nous a rapporté qu'un jour à la cantine, un élève lui a jeté un pot de yaourt au visage. «On me surnommait même "le sans amis", ce fût un véritable enfer."
Il n'a pas trouvé de soutien auprès du personnel enseignant ou de l'encadrement des établissements qu'il a fréquentés. Ils semblaient être emportés par la dynamique du groupe des jeunes, allant jusqu'à lui dire qu’il "n’arriverait jamais à rien" et qu’il finirait SDF.
Malgré le désespoir, Jean eut alors une sorte de déclic : il allait leur prouver le contraire. Il décida de se mettre à la musique en créant des remix sur sa chaîne Youtube (Roman Paris)
En 2013, il est déscolarisé, pour des problèmes psychiques, qu'il relie en partie à la problématique du harcèlement même s’il pense qu'il avait des fragilités personnelles.
Entre 2012 et 2014, il est hospitalisé à 3 reprises dans une MDA (Maison pour adolescent), jeune adulte il connaîtra d'autres hospitalisations en psychiatrie. Il a le sentiment de n'avoir jamais pu se remettre de ces années de souffrance et de solitude dont les adultes ne l'avaient pas protégé, parfois bien au contraire.
Mais grâce à sa volonté et aux soins qui lui ont permis de surmonter ces souvenirs terribles, Jean s'en est très bien sorti. Il est papa, a un emploi stable de technicien Système et Réseau en CDI, et sa chaîne YouTube reste son hobby et n'a pas cessé d'exister.
1 : Il ne s'agit pas du vrai prénom de la personne que nous avons interviewée dont nous préservons l'anonymat.